Nous avons appris la mise en liquidation judiciaire de Finamatic, un acteur de notre secteur. À la suite de cette info, Benjamin, notre CEO, a souhaité réagir à travers la tribune ci-dessous, également publiée sur LinkedIn si vous souhaitez commenter en cliquant ici.

« Finamatic est en liquidation judiciaire. C’est une double déception : d’une part parce que je considère qu’il est toujours mauvais de perdre un acteur dans son propre secteur. Nous ne sommes pas nombreux dans l’approche digitale du financement de l’innovation, même si nous proposions des offres très différentes. J’espère que les dirigeants et les équipes arriveront à rebondir. D’autre part, c’est également une déception vis à vis des fonds d’investissement qui nous ont donné une fin de non-recevoir lors de notre propre levée de fonds il y a 1 an sous prétexte qu’ils investissaient dans Finamatic, ou avaient eu dans les mains leur dossier et nous comparaient à eux.

Mettons Finamatic de côté ; je suis très remonté par ces investisseurs qui sont capables de « bouffer du PPT » magistralement préparé par des entrepreneurs experts en com’, et qui n’accordent pas d’intérêt aux projets peut-être moins sexy, moins extravagants sur le papier, mais qui se concrétisent (réellement), s’accélèrent (réellement), tout en restant en province…

Chaque semaine on retrouve dans la presse des startups qui mettent la clef sous la porte et qui affichaient quelques mois/années plus tôt une levée de fonds démentielle avec des objectifs de CA d’un autre monde. Au bilan, beaucoup d’embauches et quelques milliers de CA réalisés… Je n’ai rien contre ces entrepreneurs, bien au contraire, ils ont pris des risques personnels et réalisé un volume d’heures de travail que peu peuvent imaginer. Mais je reste très remonté par ces capitaux-risqueurs qui ont gobé les chiffres/objectifs et qui laissent de côté des dossiers, peut-être moins bons en présentation, mais meilleurs en exécution.

Quel est le résultat de cet appétit ? Des business plans totalement délirants, parfois mensongers, créés de toutes pièces pour satisfaire les investisseurs. Certains entrepreneurs avouent après avoir planté leur startup s’être fait piégé par ce système.

Il faut que les investisseurs arrêtent de penser et/ou de croire qu’il vont financer le prochain GAFA. Un business plan qui ne crève pas le plafond, ce n’est pas du « manque d’ambition », c’est juste des entrepreneurs qui ont les pieds sur terre. Laissez les licornes aux pays des licornes !

Certes, dans capital-risque il y a « risque ». Et j’ai bien conscience que l’objectif est de générer des multiples en prenant les projets très en amont avec un risque important d’échec. Cependant, à force de rechercher uniquement des projets à hypercroissance, on force in fine les entrepreneurs à promettre des chiffres créés uniquement pour la levée. Je pense qu’en agissant ainsi, chers capitaux-risqueurs, vous vous tirez une balle dans le pied…

Quel dommage que les leveurs de fonds ne mettent pas le holà dans cette course de surenchère au BP. Le dossier en haut de la pile n’est pas forcément le dossier avec la plus forte promesse de valo à 3 ans.

Ce n’est pas un poste revanchard, c’est un bon coup de gueule d’une situation que nous observons tous les jours avec d’autres entrepreneurs. On voit disparaître jour après jour des pépites sur-financées qui explosent en plein vol par manque de résultat, et des startups sous-financées (voire en autofinancement) qui rament en affichant tout de même des croissances à 2, voire 3 chiffres.

De notre côté, nous avons fini par faire une levée de fonds avec des acteurs 100% provinciaux (collaborateurs, clients, business angels, fonds d’investissement) et j’en suis d’autant plus fier qu’ils sont locaux, et même Gardois ! Certes, le montant de notre levée a été revu à la baisse, diminuant ainsi notre sentiment de « grande victoire », mais malgré cela, nous avons réussi à doubler notre CA et triplé le nombre d’utilisateurs. Comme quoi… « qui va piano va sano e va lontano ».

RIP Finamatic avec mon profond respect pour les dirigeants et les équipes. »

Benjamin Néel
CEO de LabOxy